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Libération
Critique

Fukushima deux ans après, l’histoire à vif

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Docu . Ce soir et jeudi, Arte revient sur la catastrophe nucléaire, toujours palpable.
Des ouvriers attendent d'être transportés à la centrale de Fukushima, le 1er mars. (Photo Kyodo/Reuters)
publié le 4 mars 2013 à 21h07

«C'est le genre d'événements, dont je dirais qu'ils ont une "fin ouverte", ce sont des catastrophes illimitées dans le temps, dans l'espace et le social. […] Plus de vingt-cinq ans après Tchernobyl, toutes les victimes de cet accident ne sont même pas encore nées. Même pas encore nées !» Dans le documentaire le Monde après Fukushima qu'Arte diffuse ce soir, le sociologue allemand Ulrich Beck résume à merveille le paradoxe et la complexité de la catastrophe nucléaire. Soluble dans un temps très long, bien supérieur à celui de la vie humaine, ce genre d'événements exige de contorsionner son imaginaire pour se confronter à ce qu'il représente : une catastrophe en cours durant des siècles.

A quelques jours de l'anniversaire du triple désastre qui a touché le Japon en mars 2011, l'accident nucléaire se décline en deux reportages bien distincts sur Arte. Deux ans après, Fukushima («île de la prospérité», en japonais) rime toujours avec effroi. Alors que les dizaines de milliers d'évacués sombrent dans l'oubli, le réalisateur Kenichi Watanabe, pour le Monde après Fukushima, est parti à la rencontre de ces habitants qui s'efforcent de vivre avec et dans la radioactivité. Tout a l'air normal : les cerisiers sont en fleurs, le tumulte de l'eau des rivières résonne avec le bruissement des feuilles effleurées par le vent.

Mais rien ne l’est vraiment : les pêcheurs renoncent à leurs prises gavées de becquerels, les paysans retournent la terre pour enfou