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Libération
Interview

Le business fait son miel des abeilles

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publié le 15 mars 2013 à 19h06

Cofondateur des Cafés Géo en 1998, Gilles Fumey est professeur de géographie culturelle à la Sorbonne (Paris-IV), où il a créé un master, «L'alimentation et les cultures alimentaires». Il est l'auteur d'un Atlas mondial des cuisines et gastronomies aux éditions Autrement. Après avoir vu le film Des abeilles et des hommes (1), qui dénonce l'industrialisation de l'apiculture aux Etats-Unis, il fait ici le tour de la planète miel.

Comment comprendre cette répartition des insectes mellifères ?

Telle que nous l'écrivons aujourd'hui, la géographie des abeilles a moins de vingt ans. Les recherches sur les guêpes carnassières, qui goûtent à des nectars sucrés et évoluent vers les abeilles à fleurs, nous renvoient à près de 100 millions d'années : avant notre Apis mellifera à miel, dont on a découvert, en Allemagne, des fossiles datant du milieu de l'ère tertiaire. Des époques où le climat sous nos latitudes était tropical.

Les variétés d'Asie du Sud-Est correspondent à des diversifications génétiques liées notamment à des migrations dues aux refroidissements. C'est vrai pour la «géante indienne», Apis dorsata, et, plus récemment, pour la minuscule Apis florea.

En Chine, Apis cerena se distingue des autres, comme notre Apis mellifera, par une évolution permettant aux abeilles de vivre en grappes et de survivre en hiver, à des conditions qui auraient dû leur être fatales. On ignore l'époque de la séparation de ces deux «sœurs», mais un «nid fondateur» existerait au Proche-Orient - selon