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Analyse

CO2 : le Parlement européen garantit le droit à polluer

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En rejetant un gel des quotas d’émissions, ce qui aurait fait remonter les prix, l’Union privilégie l’économie sur l’environnement.
par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles
publié le 16 avril 2013 à 22h26

Le Parlement européen a sans doute donné, hier, le coup de grâce à un marché européen des quotas de CO2 déjà fort mal en point. Les députés ont rejeté la proposition de la Commission de geler 900 millions de tonnes de droits à émettre des gaz à effets de serre. Sensibles aux effets de la crise et aux intérêts des industriels, les eurodéputés n'ont pas hésité, avec ce vote, à sacrifier la politique climatique de l'Union, la plus ambitieuse du monde.

L’exécutif européen espérait stabiliser un marché du carbone en chute libre : entre 2005, date du lancement du système, et aujourd’hui, le prix de la tonne est passé de 30 euros à moins de 5 euros. Ce qui n’incite évidemment pas les industriels à investir pour réduire leurs émissions. En gelant une partie des droits à polluer, la Commission espérait faire remonter les prix à 10-12 euros. Mais suite au refus du Parlement, le cours de la tonne de carbone a logiquement chuté, à 3 euros.

«Son prix va rapidement tomber à zéro, car il y a trop d'offre de quotas par rapport à la demande», prédit Claude Turmes, un eurodéputé écologiste luxembourgeois. Actuellement, il y a 2 milliards de tonnes en excédent, sur les 8,5 milliards en circulation. Même avec 900 millions en moins, cela n'aurait sans doute pas suffi à faire remonter les prix. Pour le vert français Yannick Jadot, «c'est 1,4 milliard de tonnes» qu'il aurait fallu retirer. «La proposition de la Commission était une mesure d'urgence en attendant de re