La condamnation a non seulement été confirmée en appel mais la peine a aussi été alourdie : dans le premier procès pénal de l’amiante au monde, l’industriel suisse Stephan Schmidheiny, ex-patron de la firme Eternit, a été condamné hier par la cour d’appel de Turin à une peine de dix-huit ans de prison - contre seize en première instance - pour avoir provoqué la mort de près de 3 000 personnes, ouvriers ou riverains de quatre usines italiennes d’Eternit.
Un grand soulagement pour les victimes de la poussière cancérigène et leurs proches en Italie, qui luttent depuis trente ans pour faire reconnaître ce crime industriel, mais aussi dans tous les pays où a sévi Eternit comme la France, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, les Etats-Unis… «Les faits ont été jugés si graves que la peine, déjà lourde, est celle qu'on réserve aux grands criminels», commentait hier Alain Bobbio, représentant à Turin de l'Association des victimes françaises de l'amiante. Autre satisfaction : «Contrairement au tribunal en première instance, la cour d'appel a accordé, en vertu du préjudice d'anxiété, 30 000 euros d'indemnisation aux anciens ouvriers exposés à l'amiante, mais pas malades.»
Les magistrats ont confirmé les chefs d'inculpation «infraction aux règles de sécurité au travail dans les usines» et surtout «catastrophe sanitaire et environnementale permanente». «Un chef d'inculpation qui manque au code pénal français pour juger des crimes industriels et environnementaux»,