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tribune

Alimentation : arrêtons le gâchis !

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Par
Tristram Stuart
Historien et écrivain
Publié le 16/06/2013 à 22h45

Au XVIIe siècle, le philosophe britannique John Locke faisait valoir l'idée que si quelqu'un prenait pour son compte plus de nourriture qu'il n'en avait besoin et la gaspillait, «il prenait plus que la part qui lui revenait, et dépossédait les autres». Si, en revanche, il consommait, commercialisait, voire donnait ce qu'il avait en trop, «il ne commettait aucun préjudice ; ne gaspillait pas les réserves communes ; ne détruisait pas la part des biens qui revenait aux autres, dès lors que rien de ce qu'il possédait n'était détruit sans raison».

A l’heure où les circuits alimentaires sont mondialisés, comment justifier le fait que nos pays développés, en Europe comme en Amérique du Nord, gaspillent entre un tiers et la moitié des réserves alimentaires, entre le champ du producteur et nos assiettes ? Qu’il s’agisse de fruits et de légumes frais écartés par les supermarchés pour des raisons esthétiques, ou du gaspillage ordinaire dont nous faisons preuve quotidiennement, ce sont autant de ressources en terres ou en eaux, qui pourraient être mises à meilleures contributions qu’au remplissage de nos décharges.

Le lien entre prodigalité alimentaire dans les pays riches et pauvreté dans d’autres régions du monde n’est ni simple, ni directement corrélé, mais il n’en reste pas moins réel. Les plus cyniques ne manqueront pas de souligner qu’il n’existe pas de parallèle entre le gaspillage alimentaire des pays développés et les pénuries dans les pays pauvres, e