L'annonce vient de tomber dans l'indifférence des départs en vacances : les prix de l'électricité vont augmenter. Et pas qu'un peu. Si on s'était inspiré d'Amory Lovins, on n'en serait peut-être pas là. Depuis les chocs pétroliers, aucune politique n'a éduqué les Français aux économies d'énergie. Surtout pas ce timide débat sur la transition énergétique, mené en toute discrétion par une Delphine Batho coulée à pic. «En France, les blocages sont, comment dire… puissants», confirme Lovins, très au fait de la stratégie énergético-nucléaire française. «Il faudrait renouer avec l'esprit de la chasse au gaspi des années 70, mais pour cela il faut une volonté»,analyse le patron de l'Institut Rocky Mountain qui conseille entreprises ou pays énergivores.
Malgré son air à la Groucho Marx, Amory Lovins est un homme sérieux qui n'aime rien tant que parler d'énergie. Il y a consacré sa vie professionnelle depuis plus de quarante ans. Il est l'inventeur fortuit du «négawatt». En 1989, une faute de frappe sur un rapport transforme l'unité de valeur de l'électricité, le mégawatt (un million de watts), en négawatt. Révélation. «Bon sang mais c'est bien sûr, me suis-je dit, c'est le watt qu'on n'a pas besoin de produire ou d'acheter puisqu'on ne le consomme pas !» Très vite, Lovins répand ce concept qui résonne chez tous les tenants de la sobriété. Son cerveau est bourré de graphiques, de tableaux, de chiffres et d'arguments frappés au coin du bon sens. Le bon sens,