«La vie est de plus en plus difficile ici.» Torse nu sous sa hutte, Marisan Juruna, la quarantaine, soupire. Paquiçamba, la réserve des Indiens Juruna, se situe le long du fleuve Xingu, en pleine forêt amazonienne. Nous sommes sur la «grande boucle», où ce puissant affluent de l'Amazone - sacré pour les Indiens - sera détourné sur 100 kilomètres par Belo Monte, le barrage pharaonique que le Brésil fait construire non loin de là. L'ouvrage suscite une émotion internationale à cause de ses impacts sur la biodiversité et les populations, dont onze ethnies indiennes telles que les Juruna, les Arara et les Kayapós.
Belo Monte va inonder 516 km2 de terres et déplacer (officiellement) 20 000 personnes. La pression migratoire observée dans la foulée des grands ouvrages pourrait aussi aggraver la déforestation et exposer les réserves indiennes. Trois eurodéputées vertes, dont Eva Joly et Catherine Grèze pour la France, sont venues sur place en juillet pour dresser un état des lieux et tenter de faire pression au niveau européen. «Nous ne devons pas accepter le fait accompli», martèle Eva Joly, qui déplore que beaucoup d'entreprises européennes aient investi dans le projet en fermant les yeux sur les dommages collatéraux.
Doléances. «Belo Monte ne nous apporte que des problèmes», reprend Marisan Juruna. Les Indiens qui vivent comme lui sur leurs terres ancestrales ne seront certes pas délogés, contraire