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n cours de construction sur le Xingu, principal affluent de l'Amazone, le très controversé barrage de Belo Monte était-il nécessaire ? Non, a répondu un panel d'experts dans un rapport accablant dévoilé en 2009, qui met en doute la viabilité économique du projet. La future usine «ne produira que peu d'électricité pendant les trois ou quatre mois de l'année où il ne pleut pas en Amazonie», explique l'ingénieur Francisco Del Moral Hernandez. Pas de quoi justifier, selon lui, un investissement qui ne cesse de s'alourdir avec la complexité de l'ouvrage et atteint désormais près de 10 milliards d'euros. «Belo Monte constitue un préjudice pour les deniers publics, poursuit cet universitaire. L'énergie produite ne sera pas suffisante pour rentabiliser le barrage.» En moyenne, l'usine ne produira que 39% de sa capacité installée de 11 233 mégawatts.
Flux. Ironie du sort, cette faible efficacité est la conséquence de la reformulation du projet pour en réduire l'impact environnemental. Selon le tracé d'origine, établi par la dictature militaire dans les années 70 et abandonné après le retour à la démocratie face à l'opposition des populations affectées, la superficie inondée devait être de 1 200 km2. Elle n'est plus «que» de 516 km2. Le stockage de l'eau s'en trouvera réduit. La production électrique dépendra donc surtout du flux du Xingu, très faible pendant la saison sèche. «Pour que Belo Mont