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Aveyron : la lutte sur un plateau

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Ça a eu lieu. A Saint-Jean-du-Bruel, la contestation contre l’exploitation du gaz de schiste voit le jour.
publié le 21 août 2013 à 19h06

«Les gaz de pshiit ?» En 2010, pas un pelé n'a entendu parler du gaz de schiste en France. Tout change le 20 décembre, à Saint-Jean-du-Bruel, une commune aveyronnaise de 694 âmes. Ce jour-là, 300 personnes se pressent dans la salle des fêtes. La bouffarde de l'eurodéputé José Bové est là aussi, venue du Larzac. Lors de cette première réunion d'information publique sur les gaz de schiste en France fusent des expressions inconnues : «fracturation hydraulique», «hydrocarbures non conventionnels». Des mots effrayants : «contamination des nappes phréatiques», «destruction des paysages», «gaz à effet de serre»…

En ce jour, «la France entre en résistance», dit la journaliste Marine Jobert. Dans un livre coécrit avec François Veillerette, le Vrai Scandale des gaz de schiste (Ed. Les liens qui libèrent, 2011), elle raconte l'ambiance de cette rencontre, proche de celle qui, quarante ans plus tôt, anima la bataille contre l'extension du camp militaire du plateau du Larzac, finalement annulée par François Mitterrand en 1981 après dix années de lutte non violente.

L'étincelle ? Des signatures apposées «en douce», le 1er mars 2010, par le ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Jean-Louis Borloo, au bas de trois permis d'exploration. Accordés au français Total et à l'américain Schuepbach Energy (associé au français GDF Suez), ils couvrent près de 15 000 km2, du Larzac à Montélimar en pass