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Récit+film

Riz amer pour les paysans colombiens, otages des brevets

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Le film «9.70», du nom d'une loi qui interdit aux agriculteurs d'utiliser une partie de leur récolte comme semence, met la Colombie en émoi.
publié le 3 octobre 2013 à 21h26
(mis à jour le 4 octobre 2013 à 12h01)

A l'heure qu'il est, elles sont probablement réduites en compost. Mais même ainsi, les plus de 60 tonnes de riz triturées et enterrées par les autorités colombiennes sous les dents d'une pelleteuse, il y a deux ans, semblent refaire surface pour mettre le pouvoir en difficulté. Il y a quelques semaines, l'Institut colombien agricole (ICA) avait annoncé dans un communiqué avoir détruit des graines «non certifiées» dans le département du Huila. Il s'agissait de riz récolté par des agriculteurs pour le replanter l'année suivante. Les paysans avaient protesté, la police anti-émeute les avait éloignés, et les sacs avaient été éventrés dans une décharge sans que l'opinion publique ne s'en émeuve. L'utilisation de ces semences non normées, justifiait l'administration, aurait «favorisé la propagation de maladies et de mauvaises herbes qui limitent la production de riz».

Aujourd'hui, l'affaire provoque un véritable débat national depuis la diffusion d'un reportage de la Colombienne Victoria Solano, visionné plus de 750 000 fois en un mois sur Internet. La vidéo, 9.70, porte le nom du texte qui a permis la destruction des graines.

Cette résolution, adoptée en 2010, interdit notamment aux agriculteurs de conserver une partie de leur récolte pour l'utiliser comme semence, si ce n'est pour leur propre consommation. Ils doivent obligatoirement acheter des graines «certifiées» ou «sélectionnées», produites par des entreprises contrôlées par l'ICA. «C'e