La mise en place de la taxe poids lourds, prévue au 1er janvier 2014, est une nouvelle fois reportée, et - cette fois - sans échéance. Ce nouveau recul du gouvernement est scandaleux. Les réticences exprimées, en particulier en région Bretagne, face à cette nouvelle disposition, doivent sans doute plus à l'exaspération devant l'accumulation des mesures fiscales, au sentiment que certaines catégories - les entreprises, les actionnaires - sont épargnées dans l'effort collectif et à la crise, réelle, profonde, du modèle agroalimentaire breton, qu'à la mesure elle-même.
Il s’agit, en effet, d’une mesure de bon sens, qui, il faut le rappeler, avait été votée en 2009 à l’unanimité. Pourquoi ? Parce qu’elle poursuit deux objectifs majeurs, partagés par tous : contribuer à la relocalisation des productions en donnant au transport son juste prix, et favoriser un report du transport de marchandises de la route vers le fret ferroviaire et fluvial. Une mesure indispensable, puisque, malgré les investissements réalisés sur les infrastructures de fret ferroviaire, la part du non routier plafonne, et c’est encore 88% des marchandises qui sont transportées par camion en France !
Conçue pour intégrer dans le prix du transport les externalités négatives - usure de la voirie, pollution de l’air, nuisances sonores, dérèglement climatique - la taxe poids lourds contribue à faire payer le transport à son prix réel pour la collectivité. Et ces objectifs de report modal et de réduction du