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Grand angle

Chine : visions d’airpocalypse

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Dans un pays qui tire l’essentiel de son énergie de la combustion du charbon, les pics de pollution sont de plus en plus fréquents et les métropoles étouffent. Pékin continue pourtant de jouer la carte de la dissimulation.
Le quartier de Pudong, à Shanghai, en janvier. (Photo Aly Song / Reuters)
publié le 31 octobre 2013 à 18h06

Dimanche 27 octobre, à Pékin. Le taxi roule, fenêtres ouvertes. L'air monte à la tête, et pour cause : 380 sur le Air Quality Index (AQI), soit 15 fois le plafond fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La concentration de particules fines - les PM 2,5, celles qui pénètrent au plus profond des poumons -, altère les silhouettes des immeubles, mais le chauffeur ne s'en inquiète pas. «Où est le problème… Un peu plus de brume que d'habitude, c'est tout.»

Manque de visibilité

Ni la radio ni la télévision n'ont émis de bulletin de mise en garde, et les services météo ne signalent qu'un léger brouillard. Le site web du ministère de l'Environnement chinois révèle bien, dans un coin de page, l'existence ce jour-là d'une «pollution moyenne», mais rien sur l'impact sanitaire. Il faut aller sur le compte Twitter ou le site de l'ambassade des Etats-Unis, qui possède ses propres capteurs d'air, pour apprendre que l'index a dépassé le seuil «Très mauvais pour la santé» pour entrer dans la zone «Dangereux pour la santé». Pourtant, les centaines de milliers d'enfants de Pékin vont à l'école comme si de rien n'était.

«La belle Chine», lit-on sur un mur. Il y a des jours où le déni est plus surréaliste que d'autres. Comme celui où, mi-janvier, l'index AQI a dépassé à Pékin les 900 soit près de 40 fois les limites recommandées par l'OMS. «Je me sens coincé, parce que je ne peux plus mettre le nez dehors… Le smog est en train de tuer ma créativité», s'était alors exclamé