Si vous pensez trouver ici deux Robinson ensauvagés et une île coupée du monde, passez votre chemin, reprenez le bateau et allez observer les phoques gris qui se prélassent au blanc soleil de novembre sur les îlots voisins. Soizic et David Cuisnier sont bien les seuls habitants, avec leurs enfants - Chloé, 4 ans, et Jules, bientôt 2 ans -, de Kemenez (1), une minuscule île ancrée au cœur de l'archipel de Molène, en mer d'Iroise. Mais ce ne sont ni des reclus ni des exilés volontaires. «On vit comme tout le monde, martèle Soizic, 31 ans, ciré jaune, bonnet et bottes bleues, un peu agacée par les clichés véhiculés autour de leur mode de vie. La seule différence, c'est qu'on prend le bateau pour aller faire les courses ou récupérer le courrier à la Poste !» Soit vingt minutes à bord de Chrommig, leur petite coque en aluminium, pour naviguer jusqu'à Molène, à 4 kilomètres environ, et un peu plus pour le port du Conquet, à 9 km. A condition que la mer le permette : les courants sont vigoureux, la houle souvent forte et les récifs aux abords de Kemenez imposent une manœuvre délicate. «Si on avait voulu vivre en ermites, on ne serait pas venus là», appuie David, 37 ans, engoncé dans une combinaison kaki de marin-pêcheur.
Le couple a quitté Brest en 2008 pour venir habiter sur Kemenez et y développer une ferme insulaire, à l’avant-garde des technologies vertes et du développement durable. Depuis, sur cette île laboratoire, David et Soizic apportent