Cet article d'actualité-fiction a été publié dans notre édition spéciale «Libération en 2053», à l'occasion des 40 ans du journal.
Un singe en peluche dans les bras, le regard perdu, Naaba, 10 ans, est loin de se douter qu’il est un symbole. Débarqué vendredi matin à la mairie de Decize, dans le sud de la Nièvre, il est officiellement le milliardième déplacé environnemental du monde.
Naaba vivait avec sa mère et sa sœur à Kobouré, petit village agricole du Burkina Faso. Les grandes sécheresses décennales ont rendu leur vie sur place impossible. «La terre a brûlé, plus rien ne poussait et les températures ne cessaient d'augmenter», raconte Funafuti, la mère de Naaba. Déclaré zone ultravulnérable, le pays a fait l'objet d'un programme de réimplantation mis en œuvre par l'Organisation des déplacés environnementaux (ODE). Au total, 17 millions de personnes sont concernées. Sans attaches familiales, déterminée à changer de vie, Funafuti a préféré fuir du continent africain et «offrir une seconde chance à [sa] famille».
Entamés depuis 2033, les programmes de réimplantation ont le vent en poupe. «Ce milliard est un chiffre symbolique car, depuis l'enregistrement de Naaba dans la base de données de l'ODE, de nombreuses autres personnes ont été déplacées», explique François Gemenne, directeur de l'antenne européenne de l'ODE. En vingt ans d'existence, l'organisation a d