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TRIBUNE

De Varsovie 2013 à Paris 2015, sept cent trente jours pour sauver le climat

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par Patrice Geoffron, Professeur à l’université Paris-Dauphine, directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières (CGEMP) et Michel Derdevet, Maître de conférence à l'institut d'études politiques de Paris
publié le 25 décembre 2013 à 17h16

Chaque conférence sur le climat jette une lumière crue sur les antagonismes énergétiques posés sur la table des négociations. Celle de Varsovie, close il y a peu, a même «sublimé» ces tensions, la capitale polonaise hébergeant à la même période un sommet international sur le charbon et mettant en scène ces contradictions, en une belle unité de lieu, de temps et d’action !

Ne galvaudons pas Varsovie 2013 qui aura eu ce mérite de révéler spectaculairement que la lutte contre le changement climatique se joue face à une profusion d’énergies fossiles : le sous-sol recèle des centaines d’années de charbon et de gaz et de quoi voir venir le siècle prochain pour le pétrole. Contrairement aux craintes nées des chocs des années 70, ce n’est pas un épuisement des hydrocarbures qui nous contraint à changer de modèle. Cette abondance de carbone complique même singulièrement la donne. Comme la pénurie d’énergie ne menace plus, chacun peut considérer qu’il est… urgent d’attendre (le retour de la croissance dans le Nord, l’accès de tous aux richesses essentielles dans le Sud) pour prévenir les dérèglements climatiques.

Ce serait une erreur majeure, car la croissance mondiale, tirée par les économies émergentes (Chine et Inde aux premiers rangs) est largement «assouvie» par des centrales au charbon polluantes, qui dégagent déjà 44% du gaz carbonique émis sur la planète (et pourraient représenter près de 60% de l’électricité produite en 2035). L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prédit q