Un texte fertile mais en jachère. C'est ainsi que l'on pourrait désigner le projet de loi d'avenir de l'agriculture, de l'alimentation et des forêts (Laaf) qui passe en première lecture ce mardi à l'Assemblée nationale (1). Objectif : renforcer la compétitivité des filières tout en prenant le virage de l'agro-écologie, mot fourre-tout désignant un «système de production privilégiant l'autonomie des exploitations agricoles et l'amélioration de leur compétitivité en diminuant la consommation d'énergie, d'eau, d'engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments vétérinaires».
Le contexte n'est pourtant pas favorable aux grandes envolées environnementales. Si l'ambition de la Laaf est de «refonder» la politique agricole française en vigueur depuis les années 60, en mêlant performances économiques et écologiques, cela se fait contre de puissants lobbys. Lesquels pilotent notamment l'aile droite de l'hémicycle, où le député UMP de l'Aube Nicolas Dhuicq a évoqué un «retour à un système d'exploitation postnéolithique»… D'autant que le monde agricole avait la tête ailleurs ces derniers mois, notamment dans la réforme de la politique agricole commune (PAC), son hypothétique verdissement, et la répartition des aides de Bruxelles à la France (7,4 milliards d'euros obtenus par an de 2014 à 2020).