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Un bout de Camargue sous plastiques

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Depuis le curage d’un canal, une bande de 5000 m2 de déchets souille la réserve naturelle des Coussouls de Crau. Un désastre au cœur d’une steppe d’une rare richesse biologique.
publié le 13 mars 2014 à 17h06

Dans le ciel azur, des milans noirs de retour d’Afrique se laissent porter par le mistral. Ils survolent un bout méconnu de Camargue, la réserve naturelle des Coussouls de Crau, une steppe d’une rare richesse biologique et archéologique. Entre les chênes, les caillasses et les marais asséchés, ces migrateurs aperçoivent sûrement le nouveau biotope qui fait parler de lui : une bande de près de 5 000 mètres carrés de déchets en plastique abandonnés au soleil.

«On peut aller sur la Lune, mais nettoyer ça, on ne sait pas !» Michel Gallon en a gros sur la patate. Quand il vient nourrir ses taureaux de corrida chaque matin, le manadier ne peut échapper à un triste paysage. Au bout de son terrain, délimité par le canal de centre-Crau, une route de plastique longue de 1 kilomètre et large de 5 mètres. Quand il l'emprunte, il reconnaît des emballages de pâtes, des pochettes de serviettes hygiéniques, une tente canadienne, des sacs de toutes les tailles et de toutes les couleurs entremêlés à une vase séchée par le soleil.

Odeurs pestilentielles et nuées d’oiseaux

Michel Gallon a découvert ce désastre en décembre ou en janvier, il ne sait «plus très bien». C'est arrivé au moment du curage du canal, une opération rendue nécessaire à cause de la jussie, jolie plante aquatique particulièrement invasive. «Comme l'eau s'écoulait mal, nos terrains étaient régulièrement inondés», signale le manadier aux yeux bleu glacier. L'écoulement vif du canal est aussi capital pour les chasseurs camarguais qui s'en serve