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Circulation alternée : un cautère sur une jambe de bois…

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Face aux problèmes de pollution, la mise en place de la circulation alternée est insuffisante. Il faut des mesures de long terme.
photo prise le 02 octobre 1997 à Paris, au lendemain de la première opération de circulation alternée dans la capitale. (Photo : JOEL SAGET.AFP)
par Par Ludovic Bu, Président de l’association Moins Vite, spécialiste des questions de mobilité durable
publié le 19 mars 2014 à 14h58

Après presque dix jours de pollution, Matignon prend enfin la mesure qui s’impose, avec la mise en place de la circulation alternée. Bien sûr, on aurait pu espérer des décisions plus ambitieuses, la loi le permettant. Par exemple, il eût été simple de décréter que dans les périmètres pollués (et pas uniquement à Paris et ses villes limitrophes), ne pourraient plus circuler que des véhicules avec au moins trois personnes dedans (sauf véhicules d’urgence ou de personnes handicapées, bien entendu). Ça a été fait à New York après le passage de Sandy, et ça a parfaitement fonctionné du jour au lendemain, sans aucun processus législatif compliqué ou choix d’équipements longs à installer !

Ceci étant, réjouissons-nous qu’une mesure soit prise. Il était temps d’agir, vu l’ampleur de la catastrophe sanitaire. Des milliers de personnes sont en détresse respiratoires depuis des jours, à commencer par les enfants. Ce n’est pas parce que les morts ne se voient pas (puisqu’ils arrivent en différé) qu’ils n’existent pas. Donc les désagréments causés par une atteinte de quelques jours à circuler seul en voiture sont à mettre en balance avec l’urgence sanitaire ! Qui contesterait que l’on réduise la vitesse sur une autoroute lorsqu’il y a des blessés sur le bord de celle-ci ? Qui protesterait contre une évacuation à cause d’un incendie ou d’une tempête mettant des vies en danger ? Nous sommes actuellement dans un cas similaire, face à un cas de force majeure, de santé publique. C’est incontes