S’il n’y avait qu’une seule raison de voter aux prochaines élections européennes, ce serait celle-ci : le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI), négocié en toute discrétion depuis juillet. Derrière ce projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les Etats-Unis se profile une farandole de menaces sur les normes européennes chèrement acquises dans les domaines de l’accès aux médicaments, la sécurité alimentaire, l’énergie ou la santé. Quelle entreprise ne rêverait pas de faire son beurre dans un espace qui représente 40% du PIB mondial ainsi qu’un tiers des échanges internationaux ?
Depuis le début des années 2000, multinationales et lobbys privés exigeaient l’ouverture de négociations visant à créer un gigantesque marché transatlantique fort de près de 800 millions de consommateurs. C’est chose faite depuis presque un an, puisque le Conseil européen a confié un mandat à la Commission pour négocier au nom des 28 Etats membres. Ce mandat, qui n’existe qu’en langue anglaise, n’a pas été officiellement publié.
«C'est une des aberrations de ce dossier : le secret qui entoure les négociations», analyse Raoul Marc Jennar, essayiste qui a traduit et décrypté les 46 articles du mandat de négociation (1) confié à la Commission. «Il ne faut pas s'y tromper, le but est clair. Il consiste à confier aux firmes privées la possibilité de décider des normes sociales, sanitaires, alimentaires, environnementales, culturelles et techniq