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Terre

Plastique, la mer boit la crasse

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La goélette «Tara» repart en expédition. Objectif : sillonner la Méditerranée pour cerner l’impact de la pollution sur les écosystèmes et la chaîne alimentaire.
Un garçon ramasse des canettes dans un champ de déchets sur la côte albanaise, en avril 2010. (Photo Arben Celi. Reuters)
publié le 19 juin 2014 à 18h06

De retour de l’expédition Septième Continent le mois dernier, le navigateur Patrick Deixonne a raconté le moment marquant de ce périple dans l’Atlantique Nord à la recherche des déchets plastiques : après avoir plongé son bras dans la «soupe», cette mixture de détritus flottants, c’est à la pince à épiler qu’il a dû retirer de sa peau de minuscules morceaux.

Six millions et demi de tonnes de détritus sont déversées dans les océans chaque année, dont 80% de plastique. L’essentiel est d’origine terrestre, le reste (environ 20%) provient des plaisanciers ou des professionnels de la mer. Emportés par des courants tourbillonnant sous l’influence de la rotation de la Terre - des vortex appelés gyres -, ces détritus se concentrent. De gigantesques nappes se forment ainsi, couvrant des millions de kilomètres carrés.

Le phénomène a été découvert en 1997 par l'Américain Charles Moore, qui avait emprunté avec son voilier une route peu utilisée, au centre de la gyre du Pacifique Nord. Jour après jour, il n'y a vu que du plastique. Depuis, d'autres great garbage patches, des décharges flottantes, ont été repérées dans le Pacifique Sud, dans l'Atlantique Nord et Sud et dans l'océan Indien. En Méditerranée, il n'y a pas de gyre permanent de cette ampleur mais des tourbillons ponctuels et, surtout, d'importants rejets de plastiques. C'est pour explorer cette pollution majeure que la goélette Tara, après plus de quatre ans à naviguer autour de la planète et en Arctique, repar