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Libération

La Chine toujours avide d’or blanc

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La hausse du niveau de vie dans le pays fait exploser la demande d’ivoire et le marché illégal.
publié le 21 août 2014 à 18h56

On trouve de tout dans le marché des antiquités de Chengtian, au sud-est de Pékin. Des bijoux de jade, des éventails en ébène, des poissons d'agrément, des criquets vivants vendus dans des prisons miniatures en bambou tressé. De l'ivoire aussi, généralement sous forme de bijoux. «Vous voyez, c'est aux irisations concentriques qu'on distingue l'authentique du faux», montre une vendeuse en promenant son index sur la surface blanche et lisse d'une rose sculptée dans un morceau de «dent d'éléphant» - le terme par lequel les Chinois désignent l'ivoire. Sur plusieurs objets taillés en forme de sapèques (les anciennes pièces de monnaie chinoise) surdimensionnées, vendus 150 euros, sont gravés des proverbes propices au succès pécuniaire. «Cet ivoire est récent», assure la détaillante en soulignant la couleur albâtre de sa marchandise. «Et il provient très certainement d'éléphants africains, car il n'y a pas d'éléphants chinois», pouffe-t-elle.

Les importations alimentent depuis des siècles l’art de la sculpture sur ivoire. Un métier centenaire dont beaucoup d’artisans sont fiers, et que le ministère de la Culture a tenu à placer, en 2006, dans l’inventaire national du patrimoine culturel intangible, au même titre que le kung-fu et l’acupuncture. Dans la pharmacopée traditionnelle chinoise, la poudre d’ivoire sert à préparer de nombreux élixirs. L’un d’eux est réputé purger les toxines du corps, et même soigner certains cancers ; un autre aurait pou