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Libération

Massif du Bargy Bouquetins émissaires

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Depuis deux ans, la région du reblochon est le théâtre d’un bras de fer entre éleveurs et associations de protection de la nature. En débat, l’abattage de ces animaux sauvages au nom de la prévention sanitaire.
publié le 11 septembre 2014 à 17h26

Y aura-t-il encore des bouquetins à Noël dans le massif du Bargy ? Probablement pas. Depuis un an, 297 ont été abattus du fait d'une épizootie de brucellose, une bactérie qui menacerait l'AOC du reblochon. Il en reste 350 environ, et le préfet de Haute-Savoie devrait piloter leur abattage sous peu. Le 6 septembre, en déplacement à Saint-Gervais (Haute-Savoie), Ségolène Royal n'a laissé aucun espoir aux défenseurs des bouquetins : «Je souhaite protéger la qualité des productions du terroir, donc il faut assainir le massif, nous prendrons les mesures qui s'imposent», a déclaré la ministre de l'Ecologie, tout en promettant que, «dans un second temps», une fois «le territoire assaini», le bouquetin serait réintroduit dans le Bargy. Assainir, ça sonne mieux qu'éradiquer, mais c'est bien l'abattage total des bouquetins qui devrait débuter début octobre.

Depuis deux ans, le massif du Bargy, situé entre la chaîne des Aravis et le plateau des Glières, est le théâtre d’un affrontement entre éleveurs et associations de protection de la nature, les uns souhaitant l’éradication de la population de bouquetins par mesure de prévention sanitaire, les autres s’élevant contre l’éradication d’une espèce protégée depuis 1981 en France, d’un animal devenu symbole des Alpes. Le massif du Bargy - où le bouquetin a été réintroduit dans les années 70 - est ainsi devenu emblématique des contradictions de la société face au monde sauvage, de la difficulté à cohabiter avec ces