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grand angle

Elevage: l’impact des loups

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Rencontre avec des bergers de la Drôme et des Hautes-Alpes dont l’activité est mise à mal par les attaques répétées de «Canis lupus», espèce protégée qui continue d’étendre son territoire en France depuis son retour dans les années 90.
Le parc des Ecrins. (Eric Franceschi pour «Libération»)
publié le 19 septembre 2014 à 17h06

Thomas Vernay est éleveur ovin. Mais il n’a plus de brebis. A Glandage, village d’une centaine d’habitants posé à 900 mètres d’altitude dans le Haut-Diois (Drôme), c’est sur la terrasse de sa maison qu’on le rencontre. Sous le chaud soleil de septembre, une cigarette roulée à la main, ses yeux bleus derrière de fines lunettes cerclées de métal, il raconte comment les attaques de loups ont dévasté sa vie durant deux ans, fait basculer ses convictions, et finalement enterré son projet professionnel.

Ce «néorural» écolo de 35 ans, ainsi qu'il se décrit, s'est installé ici en 2005. Son projet, mené avec un associé, est atypique : il a acheté 150 brebis cachemire en Nouvelle-Zélande pour transformer la laine. Mais, de 2010 à 2012, son troupeau, comme d'autres à Glandage et à Boulc, la commune voisine, subit les attaques récurrentes de loups. «Elles se sont répétées durant trois années. Une meute s'était installée à proximité et ne nous a pas lâchés.» Une longue série de désillusions débute alors pour Thomas Vernay. Il avait plein d'idées reçues à propos du loup : «La prédation nous semblait un problème lointain, qui concernait surtout les Alpes-Maritimes et n'affectait que les gros troupeaux, alors qu'à Glandage le plus gros atteignait 450 bêtes. On parlait même d'éleveurs qui ne savaient pas travailler !» Depuis, il a appris à ses dépens que beaucoup d'attaques - 40% l'an dernier - touchent des troupeaux de moins de 450 têtes. «En 2010, ici, on n'ét