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Libération
Reportage

A Sivens, «tout est rasé, c’est fini»

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Sivens, barrage morteldossier
Après des mois de lutte contre le projet de barrage dans cette vallée du Tarn, les «zadistes» se résignent et, de guerre lasse, beaucoup abandonnent la bataille.
publié le 25 septembre 2014 à 19h36

Des feuillus centenaires couchés comme des carcasses de géants sur les bords de la rivière. Au sol, la marque du passage des énormes engins qui soulèvent les pins comme dans un jeu de bûchettes. Nous sommes au Testet, dans la forêt de Sivens, entre Gaillac et Montauban (Tarn). Le jour se lève sur le val du Tescou. Le soleil pointe un rayon sur le «mirador», le seul chêne encore debout. Perché dans les branchages, Julien harangue au mégaphone les gendarmes qui attendent de l'en déloger. Julien y chante aussi la Marseillaise de temps en temps. C'est le poste le plus avancé des opposants à la construction du barrage de Sivens et de la retenue qui devrait noyer cette zone humide d'une vingtaine d'hectares - ainsi que les 94 espèces animales protégées qui y vivent - sous 1,5 million de mètres cubes d'eau (lire Libération du 28 août).

Ce projet du conseil général du Tarn, dans les cartons depuis 1989, est censé sécuriser l’approvisionnement en eau de la région, le vaste bassin Adour-Garonne, notamment pour l’irrigation des surfaces agricoles. La retenue d’eau aura l’allure d’un lac de 1,5 kilomètre de long et de 230 mètres de large. Sa construction devrait coûter 8,4 millions d’euros. Elle sera financée pour moitié par l’Agence de l’eau, le reste étant à la charge de l’Union européenne et des départements du Tarn et du Tarn-et-Garon