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TRIBUNE

Loups: plaidoyer pour des écosystèmes non désertés par les bergers

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Un loup photographié dans l'est de la France, près de Rhodes (Photo Jean-Christophe Verhaegen. AFP)
par UN GROUPE DE SCIENTIFIQUES
publié le 12 octobre 2014 à 17h06
(mis à jour le 13 octobre 2014 à 12h01)

Nos paysages emblématiques de montagnes, collines, bocages et marais sont constitués d’une mosaïque de milieux façonnés au fil des siècles par les pratiques paysannes. La vitalité de ces espaces, de plus en plus appréciés par nos sociétés urbanisées, se dégrade rapidement quand ils ne sont plus entretenus par le pâturage des troupeaux notamment. Or, en de nombreuses régions, les troupeaux subissent l’assaut des loups. Que faire ? La gravité de la situation plaide pour l’adoption de mesures d’urgence, sur le terrain comme dans le domaine réglementaire.

Jugés en péril en Europe, les loups y sont une espèce strictement protégée. Dans le Grand Nord américain comme eurasien, ils sont considérés comme «espèce clé de voûte» des écosystèmes, indicatrice d’une nature redevenue ou restée sauvage. En France, où la géographie et l’histoire sont bien différentes, les loups manifestent leur comportement opportuniste. Selon les occasions, ils négligent leur fonction de «régulateur» d’animaux sauvages, affaiblis ou malades, et s’attaquent fréquemment aux troupeaux d’élevage en parfaite santé. Paradoxalement, c’est l’élevage pastoral, l’une de nos agricultures les plus respectueuses de la biodiversité, reconnue en outre comme productrice d’une variété de services écosystémiques, que les loups, parés du statut de protection stricte, menacent de faire disparaître.

Depuis 1992, des directives européennes s’emploient à promouvoir la gestion des milieux agropastoraux, qui ont résisté à la banalisat