Ce qu’il y a de stupéfiant dans l’affaire du barrage de Sivens, c’est la disproportion entre les prétendues finalités de ce projet et les moyens mis en œuvre par les autorités tarnaises pour l’imposer.
Le projet est censé, selon le Conseil général, servir à «70% pour l’irrigation» et «30% pour soutenir l’étiage du Tescou», le ruisseau qui traverse la vallée. Ce langage technique est basé sur une étude menée en 2001 par la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne – qui a ensuite été désignée maître d’œuvre du chantier… – censée avoir été réactualisée en 2009.
Mais quand le collectif «Sauvegarde du Testet» a enfin obtenu, après avoir saisi la Commission d’accès aux dossiers administratifs, l’étude de 2001, il a pu constater que les données «justifiant» le projet en 2001 n’avaient pas été réactualisées, bien qu’elles aient radicalement changé depuis. D’une part, les besoins en irrigation des agriculteurs ont fortement diminué : depuis lors, nombre d’entre eux se sont détournés d’une maïsiculture de moins en moins rentable et de plus en plus gourmande en eau, dans une région au climat de plus en plus méditerranéen. D’autre part, il s’agissait de «soutenir l’étiage» du Tescou afin de diluer en été les pollutions issues d’une coopérative laitière et d’une station d’épuration qui se sont entre-temps mises aux normes.
Qu’à cela ne tienne : le bon argument est l’apanage du pauvre militant, et non du gouvernement. Les autorités passent en force. En plus d’avoir occulté le dossier