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TRIBUNE

Tempête Xynthia : faire face aux risques futurs

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par Valentin Przyluski, Chercheur au Cired (EHESS)
publié le 29 octobre 2014 à 18h26
La tempête Xynthia, catastrophe «naturelle», est restée dans l’inconscient collectif comme un événement anormal : la faute à cette «cuvette de La Faute-sur-Mer» et ses terribles images qui continuent de nous interroger. Le procès des édiles d’alors de La Faute-sur-Mer, René Marratier et consorts, ne permettra pas de clore ce débat. Tout au plus, deviendront-ils des sortes de Jérôme Kerviel de Xynthia, avec son lot de culpabilité honteuse et vulgaire dans l’incarnation des dérives d’un modèle de «croissance municipale» à bout de souffle.
Les catastrophes ont la particularité d’être diaphanes : elles révèlent l’état des fondamentaux précédents l’événement extrême, mettant par là en exergue les dysfonctionnements permettant la crise.

Xynthia révèle la puissance des incitations du marché foncier, et son insuffisante régulation pour tenir compte des risques de manière soutenable, dans un contexte de compétition économique et politique pour le développement local. Une véritable machine de croissance municipale, comme il en existe partout en France, qui vise à enrichir la majorité de résidents principaux sur le territoire de la commune et/ou les intérêts qui portent une voie prépondérante.

Le foncier en zone à forte demande est un patrimoine important pour celui qui le possède (de plus en plus, compte tenu de l'importance croissante du patrimoine par rapport au revenu en France) et est le moteur d'une «économie» du développement local. L'écosystème foncier, familier de tout citoyen français depuis le XIXe siècle, se compose du propriétaire terrien, de la commune (ou la société d'économie mixte, ou d'aménagement) et du promoteur. Permis de construire et zonage négocié, viabilisation arrangée, rachat de terrain entre acteurs : qui n'a pas entendu parler de ces pratiques en France ?

En zone littorale, où la demande est forte pour des propriétés à forte externalité paysagère (le rêve d’une maison face à la mer…), où la rentabilité du patrimoine acquis peut être forte (notamment grâce à la location saisonnière), alors que les revenus tirés d’une activité économique non liée à l’immobilier ou au tourisme ne connaissent pas en rapport une telle expansion, la déconnexion peut être importante entre les secte