Directeur de l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer, sous la cotutelle de l’université Pierre-et-Marie-Curie et du CNRS, Gaby Gorsky, coordinateur scientifique de Tara Méditerranée, livre ses premières observations.
Ce périple vous a-t-il réservé des surprises ?
Dans toutes les stations, nous avons collecté des fragments inférieurs à 5 centimètres, ce qui signifie que toute la Méditerranée, au large ou près des côtes, contient du plastique. Avec des concentrations plus fortes par endroits, auprès des grandes métropoles, comme Beyrouth. Il suffit de se pencher sur un bateau qui navigue à faible vitesse pour voir passer un morceau de plastique fréquemment ! A bord de Tara, nous avons établi des protocoles précis pour que ces prélèvements soient stockés différemment pour chaque pan de recherche, la chimie, la biologie, la génomie. Ce fut une réussite.
Pourquoi les microfragments sont-ils particulièrement menaçants ?
Plus le fragment est petit, plus il remonte facilement dans la chaîne alimentaire, ingéré par le plancton, les petits poissons, les plus gros et jusqu’à l’homme. Plus il est petit, plus il a une forme sphérique, plus il offre de surface relative susceptible de «s’imbiber» de produits chimiques divers, des pesticides comme le DDT, des déchets polluants provenant de l’agriculture, des hôpitaux, etc. Le plastique est hydrophobe et attire ces molécules toxiques comme une éponge.
Les fragments sont colonisés par des micro-organismes vivants, comme des bactéries ou des algues, qui colonisent le plastique et lui donnent l’odeur du vivant, ce qui explique pourquoi