«Ebola est réel» : dans les rues de Freetown, la capitale sierra-léonaise, cet avertissement est affiché partout. Malgré l'épidémie, les marchés sont pleins, les rues encombrées par les embouteillages aux heures de pointe. Mais Ebola est sur toutes les lèvres. Et les sirènes des ambulances qui sillonnent la ville rappellent l'ampleur de la crise (lire Libération de lundi).
Il y a quatre mois, le gouvernement a décrété l'état d'urgence pour tenter de briser la chaîne de transmission du virus. «En temps normal, je passe des matchs de foot à la télé. Mais maintenant, la police me dirait que je provoque un rassemblement, soupire Bilal Bah, propriétaire d'un petit restaurant dans le centre populaire de la capitale, qui se plaint que les affaires marchent mal. Avant cet Ebola, j'avais prévu d'agrandir l'établissement. Aujourd'hui, je ne peux même plus payer mon personnel.» Les cinémas, les discothèques sont fermés, quelques bars continuent d'ouvrir le soir, mais la musique n'est pas autorisée. «Les fêtes de fin d'année approchent, mais l'atmosphère n'est vraiment pas à la réjouissance, dit Bradley Green, un courtier dans le secteur minier qui tente de se reconvertir dans l'organisation du transport de journalistes et de matériel pour les ONG. On ne sait pas de quoi sera fait l'avenir, donc mieux vaut économiser.»