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Libération
Analyse

L’encyclique émeut davantage Nicolas Hulot que la droite chrétienne

publié le 18 juin 2015 à 20h26

La scène a quelque chose de surréaliste. L'envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète, Nicolas Hulot est assis, jeudi, auprès d'un évêque, Jean-Luc Brunnin, au siège de la conférence épiscopale pour commenter… une encyclique !  «Il sacralise l'enjeu écologique, lui donne ses lettres de noblesse», dit Hulot à propos de ce texte dont il qualifie l'auteur de «renfort inespéré». Quand une journaliste de l'hebdomadaire conservateur Famille Chrétienne lui demande s'il est prêt à suivre le pape dans sa condamnation de l'avortement, l'envoyé présidentiel esquive : «Je n'entre pas dans ces débats».

Publiée jeudi, l'encyclique verte Laudato Si est quasi identique à la version révélée jeudi par l'Espresso. Le pape y décline la responsabilité de l'homme face au réchauffement, s'inquiète des conflits à venir concernant l'accès à l'eau, s'interroge sur les OGM, décrit la  «dette écologique»  des pays du Nord à l'égard de ceux du Sud, réclame un changement radical du système économique, plaide pour une décroissance dans les pays riches…

Ce texte pontifical, dans la lignée de la théologie de la libération et de son «option préférentielle pour les pauvres» , réjouit les cathos militants de l'environnement. Mais il déçoit la droite chrétienne par son engagement politique marqué et ses trop rares références aux questions bioéthiques. S'il condamne une nouvelle fois l'avortement, le pape ne dit rien sur la contraception, la GPA, thèmes que les milieux conservateurs lient à ceux de «l'écologie humaine». François Hollande a d'ailleurs salué sa portée politique, souhaitant qu'il soit entendu «au-delà des seuls croyants».