Chaque mois, Libération creuse une thématique environnementale. Premier épisode : la chasse est-elle écolo-compatible ?
«Pas le temps de vous parler ! Je viens de blesser un chevreuil, faut le retrouver.» Ceinturé par une cartouchière, le gamin de 15 ans n'est pas peu fier de son exploit, même s'il a raté sa cible. Avec son père, il vient récupérer un de ses chiens égaré dans la forêt qui borde Belvis, un hameau situé aux confins de l'Aude, côté Ariège. Apeuré et hagard, le chien est embarqué sans ménagement dans une vieille bagnole ; père et fils repartent à vive allure. Mais pas vers le chevreuil touché au ventre. Car il est midi, l'heure de la pause déjeuner. Et pour la douzaine de chasseurs qui participe à cette battue dominicale, la pause déjeuner, c'est sacré.
Chien égaré près de Belvis.
Photo David Richard. Transit pour Libération
«Nous, dans l'Aude, on a deux défauts : le rugby et la chasse», plaisante Yves Bastié, président de la fédération départementale des chasseurs. «Ici, la chasse est partout, confirme Ophélie, habitante d'un village au sud-ouest de Carcassonne. Je ne me balade plus seule, je ne me sens pas en sécurité. Un dimanche, il y avait un tel brouillard qu'on ne voyait pas à 10 mètres. J'ai entendu tirer juste à côté de moi…» Fin janvier, en promenant son chien,