Chaque mois, Libération creuse une thématique environnementale. Après la chasse est-elle écolo-compatible, deuxième épisode : le ski survivra-t-il au bouleversement climatique ?
La vision est surréaliste. Au-dessus du ballet des télésièges du Chariande Express, à Samoëns, en Haute-Savoie, un écran indique, en lettres rouges, 22°C… Nous sommes à 1 600 mètres d'altitude, le 28 janvier, et cette température estivale n'est pas une exception cet hiver. Les skieurs transpirent dans leurs combinaisons. Les pistes les plus basses ne sont plus praticables en fin de journée, alors qu'il a neigé la veille. D'après Météo France, 2019-2020 aura été l'hiver le plus chaud depuis 1900, confirmant la tendance prévue par les climatologues. Malgré cela, la station, comme ses comparses du domaine Grand Massif, Morillon, Flaine et les Carroz, en haute altitude, arrive à ouvrir une grande partie de ses pistes. Dans la vallée d'à côté, le cinquième membre du groupe n'a pas la même chance : Sixt-Fer-à-Cheval fait partie, depuis deux ans, des stations fantômes françaises.
«Un problème technique», «un manque d'enneigement». Les rumeurs vont bon train dans le petit village de 800 habitants, posé dans une vallée encaissée à la végétation préservée, pour expliquer la fermeture, depuis 2018, des deux principales remontées mécaniques de la station familiale. «On ne sait pas quand elles vont ouvrir de nouveau»