C'est une nappe lente, qui laisse derrière elle des milliers de poissons morts, au fil de l'Escaut, entre France et Belgique. «Elle avance au rythme de onze à douze kilomètres par jour, et elle tue tout sur son passage, constate Xavier Rollin, responsable de la Direction de la Nature, en Wallonie. Elle est arrivée chez nous le 20 avril. Si on nous avait prévenu à l'avance, on aurait pu faire quelque chose.» Comme en Flandre belge, où les grands moyens ont été déployés dès le 24 avril, quand la nappe tueuse a été repérée : «Ils ont pu sauver 80 à 90% de leurs poissons, en injectant carrément de l'oxygène pur dans l'eau», raconte Xavier Rollin. Mais la France, d'où vient la pollution, n'a pas tiré la sonnette d'alarme, en dépit d'accords transfrontaliers.
La préfecture du Nord, dans ses petits souliers, ne commente plus, malgré un communiqué qui promet «la transparence» sur l'affaire. Et l'Office français de la biodiversité, chargé de l'enquête, renvoie vers la préfecture. Pourtant, le 15 avril, il se fendait d'une alerte claire, sur une pollution «susceptible d'altérer gravement la vie aquatique» et désignait un responsable, la sucrerie Tereos, à Escaudœuvres, près de Cambrai, qui commercialise la marque Béghin-Say.
«14 000 semi-remorques»
Dans la nuit du 9 au 10 avril, la digue de terre d'un bassin de décantation, qui retenait 100 000 mètres cubes d'eaux de lavage des betteraves sucrières, s'est rompue. Elle a été sans doute fragilisée par des terriers de