Chaque mois, Libération creuse une thématique environnementale. Après la chasse, le ski, et la biodiversité, quatrième épisode, la sobriété est-elle notre futur ?
La sobriété peine à séduire les foules. Elle ne représente pas un avenir désirable. C'est pourtant l'«alternative au mal-être ambiant», selon Patrick Viveret, philosophe et ancien conseiller maître à la Cour des comptes. Cofondateur des rencontres internationales «Dialogues en humanité», membre du collectif «l'Archipel citoyen : osons les jours heureux» et proche des milieux altermondialistes, il explique «la complémentarité entre la transformation sociale et la transformation personnelle».
Son discours fait la part belle aux mots joie, désir, intensité et richesse, qu'il convient selon lui de redéfinir, pour lutter contre la novlangue libérale. La crise du Covid-19 «peut nous faire sortir d'un état de sidération. C'est une stratégie de rassemblement des forces de vie face aux logiques mortifères». Entretien.
La sobriété peine à s’imposer comme un objectif fédérateur. Au niveau personnel, elle est vécue comme une contrainte. La sobriété est-elle nécessairement un renoncement ?
Non, bien au contraire. Si on prend la métaphore culinaire, la sobriété c’est la satiété, le fait de ne pas être dans l’excès. Ce n’est pas l’ascétisme. Elle s’oppose à la boulimie qui caractérise la société actuelle. Nous voulons construire une alternative au mal-être ambiant qui est dû à une forme