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Le silence presque total. Sous l’eau, la désertion humaine pendant la période de confinement a laissé la place à de nombreux animaux et organismes invisibles pour l’homme. Des chercheurs en ont profité pour tendre l’oreille en Méditerranée, à bord de la Mission Sphyrna-Odyssey «Quiet sea», dont les deux bateaux ont pu dériver, grâce aux financements de la Fondation Albert II de Monaco, pendant dix-sept jours de la côte d’Azur à la frontière espagnole. Un des membres d’équipage, Hervé Glotin, titulaire de la chaire intelligence artificielle et bioacoustique affiliée au CNRS et à l’université de Toulon, nous décrit, de l’émotion dans la voix, leurs découvertes.
Quelles ont été vos observations ?
Pendant le confinement, les côtes ont réellement été blanchies en termes de bruit. Certaines zones étaient complètement silencieuses. La microfaune, la faune (poissons, mollusques) et la mégafaune (mammifères marins), ont vu leur milieu changer. Les bancs de poissons étaient moins stressés et plus nombreux. Par endroits, nous avons constaté une baisse allant jusqu’à dix décibels d’énergie sur la plupart des octaves. Soit une division par huit du niveau de bruit par rapport à avant le confinement.
Dans ces puits de silence, nous sommes allés à la limite des capacités de détection de nos instruments. Ce sont des conditions que nous ne rencontrons normalement qu’e