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Environnement

Corse : les falaises de Scandola au pied du mur

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Victime d’une mauvaise gestion et menacée par la hausse du tourisme, la réserve naturelle risque de perdre un prestigieux label européen récompensant la protection de l’environnement. Dans l'île, la question déchaîne les passions.
La presqu'île de Scandola est née de l’effondrement d’un ancien volcan dans la Méditerranée. (Photo Michel Luccioni. Crystal Pictures)
publié le 6 juin 2020 à 10h46

D'aussi loin que Jean-François Luciani se souvienne, la réserve Scandola a toujours fait partie de sa vie. «Mes parents se sont rencontrés dans les années 50, sur un bateau de promenade qui partait de Calvi et qui traversait le golfe», raconte, sourire dans la voix, ce fin connaisseur du secteur et conseiller municipal à Osani, principale commune de Scandola.

A l'époque, la réserve naturelle n'existe pas encore et le tourisme en est à ses balbutiements. On passe donc sans s'arrêter devant ce paysage irréel, époustouflant, né de l'effondrement d'un ancien volcan dans la Méditerranée, fait de roches noires et rouges déchiquetées qui plongent à pic dans l'eau turquoise, de trottoirs calcaires millénaires et de grottes creusées dans les falaises. «Personne ou presque ne connaissait Scandola, poursuit le sexagénaire. L'attraction, pour les rares voyageurs, c'était plutôt Girolata [hameau de bord de mer inaccessible par la route, à la pointe sud de Scandola, ndlr]. Les promenades se faisaient sur des bateaux de pêcheurs, c'était très artisanal.»

En 1975, la presqu’île accrochée à la tortueuse côte ouest de la Corse devient pourtant une réserve naturelle nationale, premier site de France dédié à la préservation du patrimoine naturel à la fois terrestre et marin. L’objectif est alors de protéger le balbuzard, aigle pêcheur en voie d’extinction dont seuls deux couples subsistent dans la zone. Plusieurs restrictions sont mises en place : la partie ter