La dernière fois que Christophe Duchamp a croisé un loup, c'était il y a déjà deux ans. La faute aux heures passées au bureau qui l'éloigne du terrain. A cause surtout de l'extrême discrétion de l'animal. «On peut avoir plein d'autres indices de sa présence, expose tout de même le chercheur, chef du projet sur les loups et les lynx à l'Office français de la biodiversité (OFB). On recense des crottes, des traces, des carcasses de proies sauvages.» Pas assez pour une surveillance rapprochée. Alors, dans le cadre d'un programme d'observation des meutes, un système de maillage de caméras a été installé au cœur du Mercantour. A chaque passage d'animaux, les pièges photographiques se déclenchent : ils filment pendant trente secondes. Un suivi à la trace (et vidéosurveillé) du loup qui devrait permettre d'améliorer les connaissances sur l'espèce et sur sa cohabitation avec le pastoralisme.
Sur 200 km², 43 caméras ont été installées
Les chercheurs ont à l'œil les meutes qui vivent dans la Roya, une région montagneuse des Alpes-Maritimes, le long de la frontière italienne. Ici, les loups gris se baladent entre les forêts et les alpages, et se rapprochent parfois des bergeries et des routes pour débusquer des proies et étendre leur territoire. Des canis lupus classés «espèce protégée» depuis 1981. «C'est une bête qui bouge beaucoup : elle peut faire plus de 20 kilomètres en une nuit. On sait ce que les loups mangent grâce à leurs crottes, on étudie leur identité génétique à traver