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BlackRock : un virage vert très intéressé

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Le gestionnaire d'actifs américain, qui a renforcé depuis janvier son engagement dans la finance durable, s'est vu confier par la Commission européenne la réalisation d'un rapport sur la prise en compte des critères environnementaux et sociaux dans le secteur bancaire. Un choix qui interroge sur de possibles conflits d'intérêts.
Lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, en décembre 2019. (Photo Stéphane Lagoutte. Myop)
publié le 5 juillet 2020 à 9h48
(mis à jour le 7 juillet 2020 à 17h15)

Choisir un actionnaire des grandes banques mondiales pour réguler le secteur bancaire. L’idée pourrait faire sourire. Mais, devenue réalité, elle alerte. Le 2 mars, la Commission européenne a choisi BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs au monde, qui possède des parts dans la majorité des banques mondiales, pour réaliser un rapport sur les bonnes pratiques en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans ce secteur. Rapport qui servira ensuite à construire de nouvelles régulations pour ces entreprises, souvent pointées du doigt pour leur soutien indéfectible aux activités polluantes et notamment à l’exploitation des énergies fossiles.

Cette décision a, bien sûr, alarmé plusieurs eurodéputés, qui ont interpellé l'exécutif européen sur les conditions d'attribution de ce contrat. «Les contours de ce rapport et de son utilisation par l'UE sont encore très flous, regrette Aurore Lalucq, économiste et élue Place Publique. La Commission est bien naïve de ne pas voir que BlackRock a, de façon évidente, un intérêt, non financier, à écrire ce rapport. 280 000 euros, ce sont des broutilles pour eux.» Et d'ajouter : «A un moment où on nous donne des leçons de morale sur l'utilisation de l'argent public, on devrait faire plus attention aux dépenses sur ce type d'appel d'offres.»

De son côté, la Commission européenne,