Menu
Libération
Reportage

Dans la Roya, «tout est figé, on est resté bloqués à samedi»

Article réservé aux abonnés
Une semaine après le passage de la tempête Alex, la vallée sinistrée reste très enclavée. L’isolement pèse sur les habitants, qui tentent tant bien que mal de réorganiser leur vie.
A Breil-sur-Roya mardi, des médicaments et des denrées sont acheminés à destination des villages isolés de la vallée de la Roya. (Photo Laurent Carré pour Libération)
par Mathilde Frénois, envoyée spéciale dans la vallée de la Roya, photos Laurent Carré
publié le 9 octobre 2020 à 20h21

A Saorge, les persiennes protègent du soleil et les murs épais isolent du froid. Accroché à la montagne, ce village de la vallée de la Roya semble prémuni des vicissitudes de la vie en altitude. La tempête Alex a balayé les certitudes. Vendredi soir, un déluge s’est abattu sur ses versants abrupts. Dans la vallée, une crue a emporté des gens, des maisons, des ponts, des routes. Depuis une semaine, les 780 habitants de Saorge sont coincés. Eux disent «enfermés» ou «cloisonnés». Ils ont été privés de téléphone, d’eau courante et d’électricité. Ils n’ont toujours pas retrouvé leurs routes et Internet. Dans la vallée, où vivent 7 000 personnes, l’isolement commence à peser.

Vendredi soir, il y a une semaine, l'électricité a sauté à 19 heures à Saorge. «Et après, le silence, le noir et la tempête, raconte Gibi. J'avais l'impression d'être sur un bateau. Quand j'écopais d'un côté, ça revenait de l'autre. L'eau rentrait horizontalement par les pierres, les fenêtres et sous le toit. Malgré cela, je n'avais pas conscience de ce qui se passait en bas.» Dans le creux de la montagne, la Roya s'est transformée en un furieux torrent. Le même phénomène s'est produit dans la Vésubie et la Tinée. Au total dans les Alpes-Maritimes,