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Biodiversité

Ile-de-France : le CDG Express devra respecter les espèces protégées

Le tribunal administratif de Montreuil a annulé partiellement l'arrêté permettant au chantier de la liaison directe vers l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle de déroger aux règles de protection des animaux et de leurs habitats.
Un RER en gare de l'est, à Paris, en décembre 2019. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/Photo Christophe Archambault. AFP)
publié le 10 novembre 2020 à 15h24

Une grosse tuile ? Un sérieux embêtement, en tout cas. Saisi par la commune de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), le tribunal administratif de Montreuil a partiellement annulé, lundi, un arrêté conjoint des quatre préfets de Paris, de Seine-Saint-Denis, de Seine-et-Marne et du Val-d'Oise. Ce texte autorisait CDG Express (porteur du projet de liaison directe entre Paris et l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle) à déroger à «l'interdiction de porter atteinte aux espèces et habitats protégés».

Mais le tribunal a estimé que pour bénéficier de ce type de feu vert, il fallait «une raison impérative d'intérêt public majeur». La réalisation d'une liaison directe entre la gare de Paris-Est et le premier aéroport français relève-t-elle d'un «intérêt public majeur» ? Le tribunal a estimé qu'«au vu des éléments du dossier, cette qualification ne pouvait être donnée au projet».

Modèle économique incertain

Sur la table depuis plus de treize ans, le CDG Express est maintenant porté par un consortium formé entre Groupe ADP, SNCF Réseau et la Caisse des dépôts. Lors de son lancement sous la présidence Sarkozy en 2007, il avait été vanté comme le premier projet d’infrastructure 100% privé. Mais, à l’exception de Vinci, aucun grand groupe ne s’était porté candidat à la réalisation et l’exploitation de cet objet au modèle économique incertain.

Le coût initial des travaux est estimé à 1,8 milliard d’euros, avec l’objectif d’un temps de trajet ramené à vingt minutes (contre une quarantaine actuellement via le RER B) et un aller simple facturé 24 euros (contre 10,30 euros en RER). Autre source d’inquiétude : les perturbations que pourraient engendrer les travaux sur le trafic des RER et trains de banlieue, les transports du quotidien dans le nord de la capitale.

Livraison prévue après les JO

Contesté depuis des années, le projet est-il plus sûr aujourd'hui ? S'avançant dans un terrain qui n'était pas vraiment celui de la saisine, le tribunal administratif de Montreuil écrit que «dans le contexte de la crise sanitaire, de la forte baisse du trafic aérien, dont le caractère purement transitoire ne peut être prédit, et de la renonciation à la mise en service de cette ligne directe pour les Jeux olympiques 2024», les circonstances ont changé depuis la déclaration d'utilité de 2017.

De plus, le tribunal ne juge pas «suffisamment probables […] l'amélioration du confort des voyageurs du quotidien du RER B, la diminution sensible du trafic routier, le renforcement de l'attractivité de la capitale et de sa région ainsi que la création d'une liaison fiable et ponctuelle entre le centre de Paris et l'aéroport».

«Identifier les adaptations nécessaires»

En 2019, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, chargeait le préfet de la région Ile-de-France, Michel Cadot, de recenser et prioriser tous les travaux d'infrastructure auxquels la SNCF aurait à faire face dans les dix prochaines années. Sur la base de ce travail, la ministre actait la réalisation de CDG Express mais aussi sa livraison en 2025, après les Jeux olympiques.

Dans un communiqué, «CDG Express prend acte de la décision du tribunal administratif». Le groupement annonce qu'il poursuit «les chantiers non concernés par cette dérogation» et analyse les autres «pour identifier les adaptations nécessaires». Un conseil d'administration réuni ce mardi doit décider de faire appel ou pas.