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Libé des océans

Les «Icebergers» australiens, nageurs de l'extrême

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Quelle que soit la saison ou la température de l'eau, ces baigneurs se retrouvent à l’aube pour profiter de l'océan. Une pratique qui tient autant de l’ascèse que de l’échappée collective.
Liz Porter après sa nage matinale à Brighton Beach, le 6 octobre. (Alana Holmberg/Photo Alana Holmberg. Oculi pour Libération)
par Valentine Sabouraud, correspondante à Melbourne
publié le 10 novembre 2020 à 11h34

Cette semaine, Libération consacre une couverture spéciale aux mystères des mondes sous-marins, c’est le Libé des océans.

La petite sirène n’a qu’à se rhabiller. Aujourd’hui, l’océan appartient à Dee, Mike, Tim et Steve, ces Australiens entrés en natation comme on entre en religion. Ces nageurs du Brighton Baths Health Club qui se baignent en pleine mer, peu importe la saison ou la température, se font appeler les «Icebergers»

Un matin d’octobre, au sud de Melbourne, la deuxième vague de Covid-19 n’en finit pas et la température frôle les 10°C, Dee Greenwood arrive, altière, emmitouflée dans un imperméable. Elle porte un bonnet de laine turquoise, des sabots en plastique et un seau de bouteilles remplies de flotte brûlante qui serviront pour la douche. Dans un instant, elle entrera dans la piscine d’eau de mer cristalline aménagée dans ce club huppé de la région. Une promenade en rondin borde trois côtés du bassin tandis qu’une plage de sable blond en ouvre l’accès. Melbourne s’étend au nord, alors qu’au sud la baie s’ouvre sur l’océan Indien. La vue est imprenable malgré la grisaille.

Dee Greenwood, avant la baignade.

Photo Alana Holmberg. Oculi pour Libération

Dee a enduit ses aisselles de vaseline, doublé son bonnet de bain sur ses boucles grises. La voici qui plonge. Elle crawle dans un maillot qui laisse bras et jambes en contact direct avec l'eau… à 13°C ce jour-là.