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Libération
Critique

Oui ou non, «Qui est là».

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A l'ombre d'«Hamlet», une mise en scène sans mise en scène signée Brook.
publié le 21 décembre 1995 à 11h05
(mis à jour le 21 décembre 1995 à 11h05)

Pas plus que le Hamlet monologue de Bob Wilson n'était un Hamlet, pas moins non plus le Qui est là de Peter Brook n'est (aux antipodes) une «régulière» mise en scène de la tragédie du roi du Danemark. Disparus Fortimbras, Laerte, les gardes et autres personnages. Simplifiés les épisodes. Raréfiés les dialogues, jusqu'à constituer une trame de fragments émergeant en icebergs essentiels, en épures des scènes principales. Et rien ne s'entend comme à l'accoutumée. Ni la moindre cause, ni la plus infime conséquence psychologique ne se dérobe plus. Or, paradoxalement, manquent mille détails; toutes ramifications secondaires ayant disparu au fil d'un obstiné et drastique processus d'élimination.

(...) «Je voudrais inventer une mise en scène sans mise en scène», annonce d'entrée l'irremplaçable acteur japonais Yoshi Oïda, accolant au presque milieu de la très basse estrade de bois très blond, de ce vaste carré vide, deux simples chaises noires en vis-à-vis d'une troisième, pareille. Et bientôt il reprendra cette petite phrase, de Stanislavski également: «Non, ce n'est pas ça», tandis que David Bennent réitérera l'arrivée en trombe d'Horatio sur le plateau autour duquel rôde l'esprit d'un monarque assassiné, reprenant la question de l'ami d'Hamlet une seconde fois: «Qui est là?» Et chavire le regard en quête d'approbation du comédien aux yeux écarquillés bleus: la démarche hésite, tangue, le cou se tend, le front ausculte la transparence de l'air, la voix prend son élan: «Qui es-tu to