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Libération
Reportage

Les stigmates du festival Sigma.

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THEATRE. Entre folie et énergie, entre les acrobates argentins et les inventions sado-maso de Ron Athey, un bilan positif pour la 32e édition du festival bordelais.
publié le 15 novembre 1996 à 1h30

Ça commence comme une bataille de polochons, mais au plafond. Sous une bâche translucide tendue au-dessus des têtes, on devine bien qu'il se passe des choses, mais quoi exactement? Des anges traversent l'espace en ombres chinoises, de plus en plus vite, se télescopent; des gouttelettes d'eau s'accumulent et, tout à coup, c'est la nuit, avec des étoiles, une lune et tutti quanti. Oooh! font, quand commence l'orage, six cents personnes massées debout dans un théâtre bunker: une ancienne base de sous-marins allemands, conservée en l'état malgré les piqûres de moustiques des bombardements alliés, aujourd'hui devenu musée pour monstres marins, à voile et à moteur. Les acrobates là-haut, capables de marcher, de courir, de s'étreindre et de s'agglutiner comme des mouches, à la verticale sur les murs dans des lumières stroboscopiques, ce sont les Argentins de De la Guarda. Suspendus à leurs fils, ils volent, chantent, dansent, éclaboussent un public ravi, qui, lui aussi, chante, danse et éclabousse, tant la folie et l'énergie dégagées par cette poignée d'excités venus du théâtre, de la danse, mais aussi de l'alpinisme et de l'architecture, fait tache d'huile. Voilà pour la face claire de la 32e édition du festival Sigma de Bordeaux, qui a pris fin le 11 novembre, jour de l'Armistice, alors que, entre son organisateur, Roger Lafosse, et la municipalité, les couteaux soient tirés, et que cette édition, baptisée «Extremus», risque bien d'être la dernière. Affaire à suivre.

Pour le côté