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Libération
Critique

Mesguich, la glose flamboyante.

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THEATRE. A Lille, le metteur en scène déconstruit «Hamlet» et aborde Molière.
publié le 23 janvier 1997 à 15h33

Shakespeare et Molière, évidemment, mais aussi Brecht, Artaud, Derrida, Jouvet et Fellini, pour ne citer qu'une pincée de ceux qui mettent leur grain de sel dans le diptyque Hamlet-Dom Juan de Daniel Mesguich, présenté à la Métaphore. Pour apparier (en alternance), le spectre d'Elseneur et la statue du Commandeur, le directeur du théâtre de Lille a pris la même troupe (largement puisée dans les effectifs du Jeune Théâtre national), les mêmes éléments de décor (agencés par Renaud de Fontainieu) et un cérémonial en gros similaire: débauche de fumées, de ponctuations musicales, de tombers de rideaux en couperets et de sols s'ouvrant sous les pieds des protagonistes. C'est tout pour les points communs. Si Mesguich témoigne d'un long commerce avec Shakespeare (Hamlet revient chez lui en leitmotiv depuis vingt ans et constitue, dit-il, son work in progress), il aborde Molière pour la première fois.

Derrida. «Qui va là?» demande sur tous les tons ­ avec une prédilection pour l'hystérie ­ la garde sur les remparts vacillants du royaume du Danemark. «Qui va là?» répond-on en symétrie à l'autre bout d'une scène bleutée de nuit et d'eau, où, après surgissement d'un mégamiroir sans tain, apparaît le double exact du premier plan, et où les silhouettes et les mots des uns font strict écho à ceux des autres. «Quand je monte Hamlet, je ne mets pas seulement en scène les pages écrites par Shakespeare, je dois également témoigner, en les critiquant, des milliers de pages qui entourent Hamlet d