Armand Gatti, 74 ans, n'a pas quitté le maquis. Résistant à 17 ans, condamné à mort et gracié pour son jeune âge, déporté et évadé, journaliste, poète, ses pièces militantes sont aussi innombrables que toutes ses vies. Depuis le début des années 80, il prophétise dans ses expériences théâtrales le soulèvement des consciences dans les banlieues dures, en embarquant avec lui les «loulous», comme il nomme les sans-voix rejetés par le système économique. Dimanche prochain, dans huit villes de Seine-Saint-Denis, démarre «L'été indien», série de spectacles et d'expositions autour des univers indien et maya, des textes d'Asturias et de Rigoberta Menchú" (1) Une pièce écrite avec une vingtaine de chômeurs sera au coeur de l'itinérance. Six mois de travail où le processus d'accouchement compte plus que le spectacle final. Carnet de route.
23 février. Maison populaire de Montreuil. De la pièce à venir, on ne sait que le titre Premier voyage en langue maya et la thématique, nourrie des obsessions du dramaturge: les massacres des civilisations maya et indiennes, la guérilla des années Che Guevara contre la dictature au Guatemala, dernier reportage qui a conduit Gatti à rompre avec le journalisme. Le texte doit surgir de l'alchimie mêlant le verbe de Gatti et les paroles vives de son équipage de fortune venu des organismes sociaux, via la prison ou l'hôpital psychiatrique pour certains. L'ensemble sera structuré par la gestuelle du kung-fu, pratiqué chaque matin. Seul