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Libération
Critique

«La Controverse» telle quelle

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Mise en scène sage d'une pièce linéaire.
publié le 18 février 1999 à 23h47

Ces temps derniers, avant l'ouverture du procès du sang contaminé, on s'est demandé si les membres de la Cour de justice de la République devaient ou non porter la robe noire des juges. Affaire d'apparat, ou d'apparence: non sans son importance, à en croire" Jacques Lassalle qui, dans sa mise en scène de la Controverse de Valladolid, montre d'entrée l'éventuel trac que souhaitent masquer «les parties en présence» avant le débat historique reconstitué par Jean-Claude Carrière: pour tromper la solennité, les protagonistes s'absorbent dans de menus gestes, un soin méticuleux à disposer les objets sur leur table ­ dossiers, verre d'eau, clochette, loupe, plumes dans les encriers, et la patère que l'on cherche des yeux pour y suspendre sa cape, et le tabouret que l'on tire puis pousse avant la génuflexion devant un crucifix. Derrière l'estrade austère, au centre, prendra place, accueilli par un déférent supérieur de monastère, le légat du pape, venu de Rome à la demande de Charles Quint: arrivée en scène, donc, de Bernard Verley, tout en onction et attention, précisant que rien de leurs paroles ne transpirera.

Evêque contre savant. Cet événement d'un débat concernant les Indiens du Nouveau Monde eut réellement lieu, à Valladolid, de façon publique au printemps de l'an 1550. On examina la question de savoir si les natifs décimés par les conquistadors étaient ou non des hommes comme les autres: des créatures de Dieu ou pas? L'empereur espagnol venait de faire rapatr