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Libération
Critique

«Misanthrope» trop bien mis.

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Théâtre. Jacques Lassalle aurait dû s'autoriser des transgressions.
publié le 13 mars 1999 à 0h07

C'est sans doute la dernière scène qui résume le mieux les forces et les faiblesses de ce Misanthrope créé à Lausanne par Jacques Lassalle et installé tout ce mois de mars dans la grande salle de Bobigny. Dans le décor conçu par Rudy Sabounghi, gigantesque palier qui donne sur les appartements de Célimène (côté jardin) et de sa cousine Eliante (côté cour), les dés sont jetés. Humiliée publiquement par ses admirateurs Acaste, Clitandre et Oronte, Célimène vient de rentrer chez elle après avoir refusé de suivre Alceste dans l'exil et l'enfermement provincial qu'il lui propose («La solitude effraye une âme de vingt ans»). Repoussé, Alceste nourrit peut-être encore quel-que espoir du côté d'Eliante la cousine. Mais cette dernière lui préfère Philinte, l'ami fidèle. Et Alceste n'a plus qu'à sortir, anéanti: «Trahi de toutes parts, accablé d'injustices/ Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices/ Et chercher sur la terre un endroit écarté/ Où d'être homme d'honneur on ait la liberté.» Sur le plateau de la MC 93, Andrzej Seweryn (impressionnant de dignité ­ de trop de dignité?) a comme une hésitation avant de sortir. C'est alors qu'un vertige saisit, peut-être, certains spectateurs: et si l'homme foudroyé, au lieu de prendre la porte (l'escalier en l'occurrence), prenait en fait le chemin de l'appartement de Célimène? Si, voulant ­ ou croyant ­ sortir, il retournait vers son amour impossible à quitter? Alors, se dit-on, ce serait formidable, une apothéose qui donnerait tou