«La pièce que je crois celle par excellence» résumait l'aigu Mallarmé à propos de Hamlet, tragédie de ce «tendre prince» dont on connaît le monologue: «Etre ou n'être pas.(") Mourir, dormir - Dormir, rêver peut-être.(..)». Le personnage d'Hamlet, créé à Londres en 1600, fut confié pour la première fois à une femme, en 1777 où Sarah Siddons se mesura à sa mélancolie compacte. D'autres interprètes féminines suivraient, jusqu'à Sarah Bernhardt. Un film l'a immortalisée dans les hésitations, déroutes, bifurcations, songeries et embardées vengeresses du fils d'un roi assassiné par l'amant de sa mère, son oncle. Le cinéaste Andrzej Wajda en 1989, au théâtre Stary, présenta lui aussi cette tragédie avec une actrice qui ne cherchait ni à imiter un homme, ni à s'identifier à l'orphelin d'Elseneur. Hamlet femme. Peter Zadek a déjà mis en scène Hamlet, en 1977, à Bochum. Shakespearien dans l'âme, il y revient. Pour l'émerveillement, et l'émotion de tous, il offre le rôle titre à cette même Angela Winkler qui a illuminé sa vision de la Cerisaie. L'idée s'est imposée. Ensuite seulement, il a réalisé qu'il s'agissait d'une femme. Ni mâle, ni femelle, ni «entre fille et garçon»" simplement elle-même, l'actrice chère à Grüber est parmi les très rares à savoir irradier une salle entière, rien qu'en arrivant, là, au devant du plateau, naturelle, souple, à la fois forte et vulnérable. Angela Winkler a les mêmes cheveux longs châtains et non sophistiqués, qu'on lui connut en 1976 grâce au film
Critique
Vienne, d'Hamlet à Lot.
Article réservé aux abonnés
publié le 12 juin 1999 à 23h29
Dans la même rubrique