La lumière de midi inonde le jardin du lycée Saint-Joseph secoué par le mistral. Par une petite porte dérobée, sur le côté de la chapelle, une silhouette, courbée, fait irruption de dos. Aussitôt suivie par une autre, de face cette fois. Vêtus l'un et l'autre de lin d'un beige brut, comme sortis de la même étoffe, les deux hommes progressent lentement, liés par ce qu'ils portent avec d'infinies précautions.
Règle inversée. Le Vif du sujet a le mérite d'inverser la règle d'ordinaire en vigueur en laissant au danseur le choix de son chorégraphe pour une création inédite d'environ une demi-heure. La chorégraphe Karina Saporta, appelée comme chef de chantier dès la seconde édition, avoue s'être montrée presque directive dans les conseils prodigués cette année.
Dominique Mercy, vingt-cinq ans de Pina Bausch derrière lui, s'aventure pour la première fois hors des sentiers où il a été tant admiré. Lui qui n'est plus tout jeune semble retrouver sur la partition de Nadj une timidité de jeune fille. Visiblement heureux d'être l'élu, le chorégraphe ne lui a pas seulement écrit un solo. Mieux, il l'accompagne dans un duo qui ne parle que de ça. De leur rencontre. Du lien entre un artiste et son interprète. D'une gémellité soudain découverte. Quand le vin partagé marque leurs baillons du même sourire burlesque, de la même inquiétante blessure. Quand ils remontent leurs bas de pantalon pour laisser voir des mollets peints en noir, rouge, orange, blanc où se dessine un visag