Quel est le secret du cirque Plume? On ne sait qui, du metteur en scène, Bernard Kudlak, ou de la fée Carabosse, tient la baguette magique dans ses spectacles-sortilèges. Mélanges-Opéra Plume, son dernier opus, sert sur un plateau l'un de ces élixirs qui changent les idées noires en ivresse légère, comme le vin chaud servi au bar avec la tarte au fromage de Comté. Telle est peut-être la marque de fabrique de l'une des troupes pionnières du «nouveau cirque»: la capacité d'artistes marmitons à confectionner avec trois fois rien une cuisine amoureuse, mûrement élaborée. Un spectacle qui commence sur un cri rageur de guitare électrique et se termine par le choeur sonore des coeurs battants de toute la troupe ne saurait a priori être antipathique. Surtout si, entretemps, un ange SDF des plus casse-gueule nous prend sous son aile pour nous faire rencontrer une Cendrillon au balai de sorcière, un épouvantail de jongleur chambouleur de diva, une danseuse de corde avide de grand écart sur fil chantant, des ombres qui s'embrassent pour mieux s'évanouir, une contrebasse en lévitation, des femmes aux chants lamés d'or et tant d'autres moments si goûteux qu'il faut prendre garde à ne pas mourir d'indigestion.
Mélange des genres. Ce capharnaüm relève plus de Mélanges que d'opéra! fulmineront les puristes circassiens, car nous sommes à la lisière du cirque. D'abord, par la scène frontale sous le chapiteau de mille places, qui renvoie davantage au théâtre qu'au rond classiqu